Nos amis de l’IGR, et en particulier le Pr Salem Chouaib immunologiste, avaient organisé à Tunis les 2iemes Rencontres Euro-Africaines en Thérapies Oncologiques Innovantes (150 participants), et à ce titre convié des spécialistes francophones experts en leur domaine pour une diffusion de connaissances et échanges.
L’intervention de Jean Bourhis (Radio-Onco du CHUV de Lausanne), "Innovation en Radiothérapie", a été particulièrement remarquée, et je vous en livre ici l’essentiel :
-Optimisation de la technique : JB souligne la place de l’IMRT, pour lui standard absolu inamovible pour une réduction significative des effets secondaires , pour info, la 3D conformationnelle est totalement proscrite dans son centre.
-Stereo- RT : JB insiste sur la précision à 1mm avec peu d’effets secondaires, confère une surmortalité sélective cellulaire tumorale. JB indique deux applications majeures : le ca de prostate et les métastases cérébrales ,en particulier .Le facteur limitant est souligné par JB , il se rapporte à la taille des métastases et non pas leur nombre. JB insiste sur le fait de traiter le plus tôt possible car l’augmentation de la taille des métas nuit fortement à l’efficacité ( sans pour autant donner un message précis sur la taille limite identifiée) . JB rapporte 97% en taux de contrôle sur 4000 métastases traitées à Lausanne( publication en cours).
-Importance des associations thérapeutiques : pour JB l’exemple clé est la RT-CT. Il y a une relative déception quant aux associations avec les inhibiteurs du check-point (CPIs ), en particulier pour les ca ORL mais où un biais d’interprétation voit le jour avec l’élargissement du champ de la RT à la chaîne ganglionnaire cervicale nuisant ainsi à l’activation lymphocytaire alliée de l’immunoT par CPIs. JB pointe des perspectives immédiates très intéressantes pour RT-CPIs dans la prise en charge du ca du poumon. Enfin le Xevinapant ( Debiopharm) serait selon JB un radio-sensibilisant prometteur avec des résultats spectaculaires rapportés dans les ca ORL en association avec cisplatine-RT ( survie sans évènement doublée), JB se réfère à l’essai thérapeutique Trilyn X en cours.
-Nouveaux faisceaux (hors protonthérapie pour laquelle JB souligne la montée en puissance quasi insignifiante depuis plusieurs années) :JB insiste fortement sur la Flash thérapie avec moins de toxicité pour une efficacité comparable par rapport à l’intensité thérapeutique conventionnelle. JB insiste sur des données précliniques solides et convaincantes (notamment pour l’irradiation de l’encéphale en modèle souris) .Le bénéfice de la Flash transcende le type de faisceau (vrai pour electron T, RX et protons).Globalement le bénéfice par rapport au tissu sain est approximativement 1/3 de dose en moins. Par conséquent, il existe actuellement selon JB un Flash boom.De nombreux essais thérapeutiques sont en cours à Lausanne ( peau, intra opératoire, un équipement spécifique Flash est en cours de construction en collaboration avec le CERN de Genève).
-L’avenir : JB voit une grande place pour l’automatisation des procédés de mise en place , c’est l’auto planning avec un rôle important à jouer par l’intelligence artificielle. Les mots clés selon JB : augmenter la sécurité, la qualité, la vitesse et en résultante l’efficacité. Les applications de la Stereo RT doivent s’étendre ( il y a actuellement 40% d’activité RT en stereo RT à Lausanne).A ce titre JB insiste encore sur la notion de petitesse de taille de la cible pour garantir l’efficacité thérapeutique optimale.JB se penche quand même sur la proton T avec l’importance actuelle prise par le faisceau unique en plan horizontal . Enfin JB met l’accent sur la place grandissante de l’imagerie moléculaire en prenant pour exemple le PET PSMA dans la prise en charge radioT du cancer de prostate.
A noter aussi une remarquable communication de Gwenaelle Gravis (IPC) pour la prise en charge du cancer du rein métastatique. GG a insisté sur les avancées notables conférées par l’association TKI ( antiangiogéniques) –Immunothérapie . On distingue actuellement , selon des critères biologico cliniques les patients à risque favorable pouvant bénéficier d’une association CPIs-axitinib par rapport aux patients avec risque défavorable auxquels on devrait prescrire des associations de CPIs ( Ipi-Nivo ). Selon GG le choix thérapeutique de la 2ieme ligne devrait reposer sur des caractéristiques complémentaires à savoir le type de cancer ( en particulier le groupe IDMC) , le patient lui-même avec les antécédents et les traitements concomitants et enfin la composante sarcomatoide et l’expression PD-L1. A retenir l’insistance de GG sur la prise en compte du profil de toxicité pour le choix des traitements avec 60à 70% de toxicité significative pour les associations TKIs-CPIs. A noter que l’expression tumorale PD-L1 peut être retenue comme facteur de mauvais pronostic et prédictif de la survie sous Ipi-Nivo .Enfin GG signale des résultats en adjuvant ayant conduit à un accord très récent de l’EMA , il s’agit pour les ca du rein à haut risque de la place du pembrolizumab qui ,par rapport au placebo, confère une diminution significative du risque métastatique à 24 mois.