Foote M B et al. JAMA Oncology on line 19 aout 2021, doi : 10.1001/jamaoncol.2021.3585
Bases et resultats : La question reste toujours d’intérêt quant à l’interaction entre les traitements anticancéreux et la COVID-19 que ce soit au plan de la vaccination ou toit simplement du développement de l’infection elle-même.
Les auteurs nord-américains ( Memorial Sloan Kettering) ont abordé le problème de manière très originale . Ils ont commencé par une démarche in silico à savoir l’interrogation de bases de données (LINCS program) qui renseigne sur l’impact de 1835 composés anti cancéreux sur l’expression ( 7 lignées cellulaires ) de la cible du virus à savoir l’ACE 2 membranaire. Ils ont trouvé que 91 molécules étaient susceptibles de diminuer l’expression d’ACE2 et parmi ces dernières les antimétaboles et les inhibiteurs de la voie mTOR/PI3K.
Forts de ces observations , ils se sont intéressés à leurs bases de données cliniques pendant la période de pandémie à savoir une fenêtre 10 mars-28 mai 2020.Tous les patients ont été contrôlés par test PCR pour la présence ou pas de l’infection virale SARS-CoV-2.Ils ont porté leur attention sur everolimus, temsirolimus et alpelisib ( tous inhibiteurs mTOR/PI3K) et decitabine et gemcitabine , également l’antimitotique cabazitaxel et d’autres TKIs tels que le dasatinib et le crizotinib.La cohorte de patients représentait 1701 sujets dont 91 % porteurs de tumeurs solides et parmi eux 12.6 % étaient traités par un composé potentiellement inhibiteur de l’expression ACE2.
Sur la base d’une étude multivariée ils ont constaté que les patients recevant un traitement à capacité potentielle d’abaisser l’expression ACE2 développaient moins de COVID-19 que les autres, respectivement 7% et 13%.Pas de lien cependant avec la sévérité de la maladie COVID (hypoxies, hospitalisation spécifique, décès).
Commentaires : Les auteurs ne se penchent pas hélas sur les possibles bases mécanistiques qui sous-tendent les observations mais ils reconnaissent cependant que la base de leur démarche résulte de données in silico pour lesquelles les mécanismes explicatifs font souvent défaut . Ils rapportent que l’impact in vitro de la gemcitabine et du dasatinib était connu dans le sens d’une inhibition de l’activité virale des coronavirus .
Il est certain que ce travail est surtout générateur d’hypothèses bien que l’information par elle –même mérite d’être présente à l’esprit des oncologues prescripteurs.
Cette publication, fort originale , est donc susceptible de motiver des études complémentaires plus fondamentales en utilisant des modèles appropriés tels que les cellules de l’épithélium respiratoire en culture et ce afin de mieux décortiquer les rouages mécanistiques moléculaires pouvant expliquer l’impact des composés anticancéreux identifiés sur l’expression ACE2 bien caractérisée.