Les deux facettes de l’expression PD-L1, ouvrons l’œil et pas que les anapaths !
High PD-L1 expression associates with low T-cadherin expression and poor prognosis in HPV-negative head and neck squamous cell carcinoma
Wang Q et al.Research Square doi/10.21203/rs.3.rs-668097/v1
Bases de l’étude : Avant tout ayons bien à l’esprit que cette revue n’en est pas en fait pas une mais constitue une plateforme de mise en circulation d’articles non reviewés..elle n’est pas la seule en l’état et l’explosion d’aticles covid de ces 2 dernières années les a vu fleurir comme les pâquerettes au printemps , les articles qui y paraissent ne doivent pas être négligés pour autant car bien que courant le risque de ne jamais être publiés ils peuvent néanmoins véhiculer un message digne d’intérêt .Ici c’est le cas et ce qui est intéressant ( et peut-être l’unique intérêt mais pas des moindres ) c’est avant tout la possibilité de mettre l’éclairage sur un autre rôle de PD-L1 en dehors de sa valeur, toute relative, dans la prédiction de l’efficacité des CPIs. En effet il faut savoir que l’expression tumorale de PD-L1 est sous le contrôle de deux niveaux de régulation qui ne s’excluent pas l’un l’autre.
Le premier niveau est celui de l’immunité adaptative avec , en synthèse brève, la présence des CD8 en interaction avec les cellules tumorales et le répertoire TCR qui va déclencher la sécrétion d’IFN . Cet IFN produit va ensuite dans le micro environnement tumoral diffuser vers la voie de signalisation STATs intratumorale et générer une neo expression de PD-L1. Voilà pourquoi on trouve associes positivement la charge tumorale , l’expression PD-L1 et l’infiltrat CD8 ( un article clé à consulter est celui de Topalian S et al, Cancer Cell 2015) et aussi comment s’explique l’épuisement des lymphocytes T au contact de la tumeur….
Ensuite ,le deuxième niveau de régulation PD-L1 est celui de son expression tumorale intrinsèque .Ici l’expression de PD-L1 est sous le contrôle des voies de l’oncogenèse et en particulier la signalisation AKT ( toujours l’article clé de Madame Topalian qui a tant apporté à l’immunoT par CPIs). Et c’est pour cela que l’expression PD-L1 peut être davantage le reflet de l’agressivité tumorale sous dépendance oncogénique et non pas le signe d’une réactivité potentielle aux CPIs et peut donc constituer …un marqueur pronostique et nous revoilà avec l’article ici commenté .
Methodes : Tous les patients ORL de l’etude ,n=104, étaient negatifs HPV ( 26 femmes) à 50/50 T1-2/T3-4,en majorité N1-3, 85% non –hypopharynx, dépendants de l’alcool à 52% et du tabac à 78%.Les auteurs mentionnent sans le détailler que les patients reçoivent classiquement radiothérapie et chimiothérapie. Les figures de survie montrent un suivi maximum à 48 mois ( non indiqué par les auteurs).
Resultats : Par analyse univariée le genre,le stade, l’extension ganglionnaire,l’expression tumorale (IHC) de la T cadherine et celle de PD-L1 sont des facteurs pronostiques pour la survie sans évènements et la survie globale.En analyse multivariées ressortent comme facteurs pronostiques indépendants de la survie le stade, le N et les expressions des 2 marqueurs avec des tendances opposées ( basse expression Cadherine et mauvais pronostic et l’inverse pour celle de PD-L1 avec HR respectifs pour OS à 3.92 et 4.98).Dans cette série de patients ORL HPV – ressortent en opposition de survie les patients Cadherine T négatifs-PD-L1 positifs qui ont globalement une survie 8 fois plus courte que les patients Cadherine T positifs –PD-L1 négatifs .
Commentaires : Cet article ,en ligne sur plateforme, met bien l’accent et l’on doit retenir que ça, sur ce groupe de plus de cents patients ORL HPV- , de la valeur pronostique propre et indépendante liée à l’expression tumorale PD-L1. En ne tenant compte que de ce paramètre il ne serait pas étonnant qu’il soit à l’opposé de l’attente prédictive si l’on venait à appliquer un traitement CPI à ces patients. C’est clair qu’en aveugle ,sans connaissance de l’infiltrat lymphocytaire qui peut apporter sa part à l’expression PD-L1, on a là entre nos mains , pris seul, un véritable faux ami. D’autres études publiées ont mis l’accent sur ce problème. Pour preuve que le PD-L1 joue bien ici dans le pronostic évolutif de la maladie , l’adjonction d’une expression de la protéine d’attachement cellulaire cadherine basse (traduisant vraisemblablement une capacité métastatique élevée)aboutit à caractériser l’évolution la plus péjorative de la maladie pour les patients de l’etude.
En creux, ces données sur PD-L1 éclairent, voire confirment la valeur toute relative de ce marqueur pris isolément sur la tumeur dans la prédiction d’efficacité des CPIs. Il faut si l’on veut rester dans le champ de l’IHC y adjoindre une information sur la présence de cellules immunitaires et c’est le cas avec le CPS( score combiné positif ) qui prend en compte dans l’expression PD-L1 les 2 composantes tumorales et lymphocytaires et qui apporte, au regard de publications récentes, une valeur prédictive pour l’efficacité aux CPIs plus fiable que celle de la simple expression tumorale prise isolément.
Cet article renforce la double identité de PD-L1 , il y est mis en évidence comme un marqueur pronostique indépendant fort et envoie un message de méfiance quand on le considère isolément pour la prédiction d’efficacité pour les traitements par CPIs