Bien que concernant un tout autre domaine que la cancérologie, cet article dédié à l’atténuation des effets de l’épilepsie par la PBM est très bien documenté au plan des mécanismes moléculaires et cellulaires mis en jeu, et renforce ainsi la crédibilité de la PBM avec des arguments scientifiques forts.
Des arguments moléculaires, cellulaires et symptomatologiques originaux qui renforcent le bien-fondé de la photobiomodulation.
Photobiomodulation improves the synapses and cognitive function and ameliorates epileptic seizure by inhibiting downregulation of Nlgn3
Hong N et al.Cell and Bioscience (2023) 13:8 ,3-25
Bases de l’étude : La photobiomodulation (PBM) ,on le sait, suscite un intérêt croissant dans de nombreux domaines médicaux et en particulier la cancérologie. La PBM utilise des longueurs d’onde de basse énergie et trouve en cancérologie ,justement ,des applications de plus en plus reconnues touchant à la prévention et l’atténuation des effets secondaires de la radiothérapie (RT), tout particulièrement. Il s’agit notamment du contrôle grâce à la PBM de dermites radiques et de mucites radio –induites de cancers du sein ou de cancers de la sphère ORL traités par RT. Les données issues de la recherche rigoureuse sont bienvenues, voire nécessaires afin de renforcer encore plus les connaissances mécanistiques des effets de la PBM et asseoir encore davantage sa crédibilité.
Les auteurs de l’article ici commenté sont des neuro-biologistes sud-coréens qui se sont penchés sur le problème de l’épilepsie du lobe temporal, forme d’épilepsie largement la plus fréquente, et du bénéfice que l’on pourrait tirer de l’application de la PBM vis-à-vis de cette pathologie chronique récurrente qui concernerait trente millions de personnes dans le monde . Les auteurs ont su déployer un arsenal expérimental des plus larges en balayant des applications moléculaires, cellulaires et comportementales chez l’animal argumentant et soutenant le bien –fondé de l’utilisation de la PBM comme outil thérapeutique innovant contre les effets de cette pathologie neurologique ici en question.
Principaux résultats :
- Les auteurs ont d’abord appliqué un test in vitro d’induction chimique( acide kaïnique ) de lésions de cellules neuronales ( zone hippocampe) isolées en culture , lésions comparables à celles provoquées par les crises d’épilepsie. Ils ont pu ainsi mettre en évidence l’effet protecteur de l’application de la PBM ( laser 850 nm) vis-à-vis des pertes d’extension des dendrites provoquées par l’agression chimique de l’acide kaïnique. Un test d’induction d’épilepsie par la pilocarpine (PI) était ensuite utilisé sur un modèle souris . Un effet bénéfique in vivo de la PBM ( 825 nm 4 heures après injection PI) par rapport aux lésions neurodégénératives induites par la PI était rapporté par les auteurs sur ces bases expérimentales.
- Dans une deuxième étape , les auteurs ont approfondi les explorations et examiné de plus près les altérations morphologiques au niveau de structures neurologiques particulières que sont les épines dendritiques , petites protrusions post-synaptiques témoignant de la plasticité synaptique et ,en particulier, à ce niveau la densité en protéine post synaptique 95 ( PSD95).Les auteurs ont ainsi pu mettre en évidence , sous l’effet de l’acide kaïnique, une perte significative en expression du PSD95 au niveau des épines dendritiques, perte qui était corrigée par l’application de la PBM renforçant ainsi objectivement la notion de son effet neuroprotecteur.
-Une attention toute particulière a été ensuite portée par les auteurs auxlésions cérébrales induites par la PI et notamment la perte de neurones en zone hippocampe. Là encore, l’application de la PBM était capable de restaurer quantitativement cette perte neuronale. Les auteurs ont pu mettre en évidence que cet effet protecteur était associé à l’inhibition de l’expression du gène NLGN3( neuroligine-3) qui est un protéine de surface des cellules neuronales . En effet, une perte de NLGN3 était induite par la PI et attribuable à la manifestation et ses conséquences délétères des phénomènes d’épilepsie induite par ce produit.
- Enfin, les auteurs ont complété leurs investigations par la mise en place d’un test comportemental quantitatif spécifique sur le rongeur et son utilisation pour l’évaluation des effets protecteurs de la PBM lors de l’épilepsie induite par la PI. Cet effet protecteur se traduisait par des améliorations de score au plan du nombre de crises d’épilepsie , leur intensité , leur conséquence pour l’hypoactivité et l’anxiété induites de même que la perte de capacité de mémorisation.
Commentaires :
Pour le traitement du cancer, la preuve des effets bénéfiques de la PBM n’est plus à faire quant à l’amélioration de la prise en charge des effets secondaires de la radiothérapie, entre autres. L’extension de l’incorporation d’équipements spécifiques pour appliquer la PBM dans ce contexte est un constat indéniable. Néanmoins la communauté médicale et scientifique reste demandeuse de preuves mécanistiques et moléculaires pour renforcer le bien-fondé de la PBM. C’est dans le domaine neurologique et plus particulièrement les effets délétères de l’épilepsie que les auteurs nous apportent ici des éléments scientifiques forts permettant de renforcer la notion d’effet protecteur de la PBM vis-à-vis d’agressions cellulaires telles qu’on peut les connaître au-delà du contexte des cellules neuronales et du champ neurologique étendu ici considérés. Incontestablement, les auteurs ouvrent ici non seulement une voie d’exploration et d’application clinique nouvelle avec l’épilepsie et le besoin de corriger ses effets délétères neurologiques mais aussi ils confortent la conviction et stimulent une motivation potentielle sous-jacente pour les utilisateurs de la PBM dans d’autres champs thérapeutiques et la cancérologie tout particulièrement.