Article commenté par Gérard Milano
Mlak R et al. Oral Sur Oral Med Oral Pathol Oral Radiol doi.org/10.1016/j.oooo.2020.05.010
Contexte: la mucite est très fréquente chez le patient atteint de cancer ORL et traité par RT, elle altère la qualité de vie et entraîne souvent des réductions de dose voire des interruptions de traitement péjoratives pour l’évolution de la maladie.On reste limité quant aux facteurs prédictifs du risque de développement d’une mucite sous RT.L’impact des polymorphismes génétiques a bien été étudié pour l’ association avec la survenue de mucite sous RT.
Ici les auteurs ,confortés par le rôle médiateur d’inflammation et d’apoptose conféré par le TNFa, se focalisent sur un gène de la famille des récepteurs au TNF a, il s’agit du TNFRSF1A dont l’expression est fortement régulée par un SNP en position -135,rs767455.Le lien entre la répartition allélique et la survenue de mucite orale a été examiné pour un groupe de 60 ca ORL,63 ans d’âge médian et en majorité des cavités orales,larynx,pharynx.
Methodes : l’ADN germinal provenait du sang total et était analysé par RT PCR avec discrimination allélique .85% des cas étaient de stade 3-4 avec une majorité de larynx.
La RTCT était appliquée dans 40% des cas.
Résultats : le génotype TNFRSF1A était CC 30%,CT 46.7% et TT 23.3%.Au décours de la 7ieme semaine de RT 40% des patients présentaient une mucite grade 3. Aucune des caractéristiques démographiques ou cliniques n’avait de lien avec la sévérité de la mucite.il y avait une association significative entre le risque de développer une mucite sévère aux semaines 1-2 et 3-4 et le génotype exploré à savoir les patients CC étaient plus à risque avec un OR à 5.92 et 7.41 aux semaines 4 et 5 respectivement.de plus et seulement pour les patients sous RTCT le génotype CC conférait une perte de chance en survie globale avec un HR à 2.78
Commentaires : il s’agit là d’un article bien construit aux conclusions carrées et avec des perspectives concrètes d’exploitation en vraie vie tant le génotypage de ce récepteur de TNF est aisé peu coûteux et rapide. Il ouvre des perspectives de nécessaire confirmation sur une base souhaitable plus large en patients avec un traitement plus homogène.
L’aspect fonctionnel explicatif pour ce polymorphisme est une expression du récepteur TNF augmentée par la présence des 2allèles CC , cette surexpression générant une amplification de la signalisation TNFa et ses conséquences au plan pro-inflammatoire. Le lien avec la survie est peu discuté par les auteurs mais très certainement attribuable à l’impact délétère du CC sur la mucite et qui va ricocher sur l’intensité thérapeutique réduite en conséquence. Enfin le TNFa lui-même est sous influence d’un polymorphisme génétique connu d’où l’intérêt potentiel d’envisager une étude associant le TNFa et son récepteur membranaire au plan des polymorphismes génétiques germinaux et leur impacts respectifs et combinés sur le risque de mucite orale sous RT.